Comment vivez-vous le confinement ? Quelles expériences nouvelles faites-vous ? est-ce un temps surtout douloureux ou joyeux ? Nous avons recueilli des témoignages de paroissiens de Chatou, reflet de la diversité de ce que nous vivons.

 

  • Témoignage de Maryse, mère de famille

Comme beaucoup de personnes à travers le monde, nous n’aurions jamais imaginé vivre une telle situation mes deux enfants et moi.
En effet, il y a quelques semaines, je disais à mon fils cadet que nous allions fêter son seizième anniversaire au restaurant… Nous l’avons fêté à la maison, confinés, sans avoir la joie d’aller au restaurant, les cafés et restaurants étant fermés compte tenu de la pandémie du COVID 19. Il a tout de même eu droit à son gâteau d’anniversaire commandé in extremis la veille du début du confinement !
Au-delà de la tristesse et de nos cœurs déchirés lorsque nous suivons l’actualité et le macabre décompte des personnes décédées à travers le monde, nous avons réalisé à quel point la vie est un don précieux de DIEU. Nos moments de prière quotidienne sont devenus plus intenses.
Mes enfants passent plus de temps ensemble et si parfois la cohabitation est difficile comme souvent entre adolescents, ils sont contents de leurs moments de complicité.
Dans la journée, chacun est « scotché » à son ordinateur et apprend à respecter le travail des autres
J’ai l’impression de faire mille choses à la fois, entre les repas qui doivent être prêts pour respecter le timing de leur reprise de cours, les courses à faire, le sport pour garder la forme, suivre la messe à la télé, etc, j’avoue que je m’endors beaucoup facilement le soir… d’épuisement !
Même si nous ressentons cruellement le fait de ne pas pouvoir communier réellement au Corps du CHRIST, nous avons la joie de pouvoir suivre la messe tous les jours, ce qui n’était pas possible habituellement. Depuis le confinement, nous avons régulièrement des nouvelles des membres de notre famille.
C’est triste de se rendre compte qu’il a fallu cette pandémie pour qu’il y ait un peu plus d’humanité et de solidarité entre les uns et les autres, entre voisins, entre collègues… Nous prions que cette épreuve nous fortifie tous et nous fasse prendre conscience des vraies priorités de la vie.

Maryse

 

  • Equipe fraternelle les « Compagnons du Cœur »

Habituellement, nous nous retrouvons chaque premier vendredi du mois à l’Eau Vive pour un temps de prière et un repas partagé. Ce n’était pas possible le 3 avril. Alors, comment faire pour nous retrouver malgré tout ? L’une d’entre nous a eu cette idée : connectons-nous tous ensemble à 19h avec les prêtres de la paroisse pour prier avec eux l’angélus et les vêpres, et demandons-leur de lire notre prière, la prière des Compagnons du Cœur. Si tous ceux qui ont un ordinateur font suivre à ceux qui n’en ont pas, c’est gagné ! Après plusieurs appels téléphoniques pour organiser cela, tous ceux qui le souhaitaient ont pu participer… Quelle joie de nous sentir ainsi en communion les uns avec les autres et avec nos prêtres !

Quelques témoignages de membres de l’équipe :

Au début le silence a été difficile : il n’y avait plus de bruit nulle part, je me retrouvais seule au monde. Heureusement, tout le monde s’appelle, je n’ai jamais eu autant de coups de téléphone. Mais ce n’est pas pareil que de se voir, on ne peut pas se faire de bisous. On sent la tristesse des gens, même si on ne se voit pas. (Marie-France)

N’allant plus travailler, il n’y a plus de rythme, cela me donne une grande liberté, je ne m’impose pas de discipline. Je me repose, je lis, j’écoute la radio, j’écris quand l’inspiration est là. Ce qui me manque le plus, c’est de rencontrer les gens, de voir les amis. (Axel)

En positif, il y a eu un peu d’entraide avec mes voisins de palier et, surtout, cela a resserré les liens entre les membres de l’équipe fraternelle ; il y a plus d’appels téléphoniques ; on s’envoie des vidéos pour faire rire et se distraire. L’un des points les plus difficiles pour moi c’est de ne pas pouvoir aller rendre visite à ma maman qui est en Ehpad. (Catherine)

Cela me manque de ne pas pouvoir sortir pour me distraire. On ne peut pas aller chez les gens, se voir personnellement, se parler face à face. On peut seulement se téléphoner, mais ce n’est pas pareil ; on est plus à l’aise quand on se voit. (Martin)

Le plus important ce sont les liens téléphoniques, avec les membres de l’équipe fraternelle et avec ma famille. Mais mes enfants et mes petits-enfants me manquent beaucoup. (Michel)

 

  • Catéchuménat

Le confinement est une occasion pas toujours aisée d’être dans le quotidien de chaque membre de la famille. Comment créer une nouvelle harmonie lorsque les préoccupations professionnelles et scolaires sont dans la maison en permanence ?
La perspective de recevoir ces sacrements ensemble est une joie profonde. (Joséphine – Franck)

Il y a des dates, des événements, que l’on attend tout particulièrement, parfois depuis plusieurs années.
Certains devaient se marier début mai, d’autres attendaient la naissance de leur tout petit en plein milieu du mois d’avril.
2020, ça sonnait bien en plus.
Et moi ? Moi j’attendais Pâques. Et cette Pâques-là, c’était un peu la mienne, c’était celle de mon baptême.
De mon entrée en pré-catéchuménat à mon appel décisif, il s’est écoulé 3 ans, que je n’ai pas vu passer je dois dire. Comme une évidence en fait.
Nous étions, les catéchumènes et moi-même, à l’aube de notre baptême. Le COVID-19 en a décidé autrement. Injustice ? Déception ? Incertitude ? Un peu de tout ça forcément. Cependant, je préfère toujours voir le verre à moitié plein.
Et j’ai vu des choses merveilleuses. J’ai vu les chrétiens manifester leur foi à travers les moyens dont nous disposions. J’ai vu des bougies illuminées pour célébrer l’Annonciation, des rameaux dessinés aux fenêtres des maisons, j’ai suivi une veillée pascale en webcam, depuis mon canapé, plus que jamais en union de prière avec ma communauté, j’ai vu des Alléluia sur des banderoles un peu partout dans la ville.
Cette Pâques-là devait être particulière. Elle a largement dépassé mes attentes. (Joyce)

Le confinement représentait pour moi dans un premier temps, une grande source de frustration, puisqu’il ne me permettait pas de célébrer mon baptême, ma communion et ma confirmation lors de la Veillée Pascale, moment tant attendu depuis le début de ma préparation.
Avec le temps et après m’être faite à l’idée, j’ai choisi de mettre ce temps à profit pour lire des parties de la Bible que je n’avais pas lues, de poursuivre le développement de ma vie intérieure et même de réfléchir aux doutes qui pouvaient survenir quant à ma décision de poursuivre ce chemin.
Ce temps de confinement représente désormais pour moi, un moment de pause où réorganiser les priorités, un peu comme un second carême. (Alexia)

 

  • Je demande la grand-mère !

Si l’on nous avait dit que nous passerions deux mois avec ma mère à la maison alors qu’elle habite à 5 km, je n’aurais pu ni le croire ni m’y résoudre… Cependant, c’est bien ce qui s’est passé avec le confinement : une vie de famille intergénérationnelle, comme du temps de nos aïeux, un jeu de 7 familles au long cours…
Sortant d’un mois d’hospitalisation, rien à voir avec le covid-19, nous l’avons tout naturellement accueillie chez nous pour sa convalescence. Huit jours plus tard, démarrait le confinement…
Au début c’est l’excitation, le bazar, il faut s’habituer à tout, au télétravail, à l’école à distance, au rôle d’infirmière, de cuisinière. Puis le temps devient long, les uns et les autres s’agacent mutuellement, chacun doit trouver son rythme, s’isoler pour mieux se retrouver.
Mais au fond, quelle richesse que cette cohabitation. Si elle nous bouscule, nous oblige à sortir de nous-même, à faire des efforts d’attention, d’aide, de patience, de service, elle nous enrichit par la prise de conscience de la fragilité de la personne âgée, mais aussi par la découverte de sa sagesse et de sa force. C’est un moment privilégié d’échanges, de souvenirs partagés, d’activités communes, au ralenti. Elle nous apprend à prendre et à savourer le temps, à nous poser et à nous émerveiller. Les petits-fils font découvrir à leur grand-mère les merveilles que font les outils de communication, elle se réjouit de l’inventivité de notre paroisse et de l’Eglise. La Semaine Sainte grâce aux écrans : du jamais vu, qui l’eut cru !

Olivier et Christine

 

  • Mouvement Chrétien des Retraités

Le MCR de Chatou ne se laisse pas abattre par le confinement : les réunions se poursuivent… par internet interposé. Le thème étudié cette année : « Choisis donc la vie » (Dt, 30, 19-20) avec un livret pour la première fois national.
Chacune des membres (hélas, nous ne comptons pas d’hommes) devait répondre à deux questions concernant le dernier chapitre intitulé « Réussir ou Accomplir sa vie ? » :
1 – Peut-on, un jour, considérer que l’on a accompli sa vie ?
2 – Quels signes d’Espérance voyons-nous dans cette période de confinement ?

1 – Chacune a accepté de regarder sa vie, qui « comme tant d’autres du MCR voit sur son gâteau d’anniversaire plus de bougies que de gâteau ! » Je dis au Seigneur : « reste avec moi, car le soir vient »… Plus on prend de l’âge, moins on a confiance en soi, plus on s’en remet au Seigneur ! Une certitude se dégage,  c’est  ma vie, unique, semblable à aucune autre.
En conclusion : impossible de dire si une vie est réussie avant qu’elle soit terminée ! Et là c’est Dieu qui verra !!!

2 – Le confinement nous permet de consacrer plus de temps à la réflexion, à la prière
Heureusement cette situation met en route des élans de solidarité magnifiques, on pense aux autres et on se décentre un peu de soi-même, ce sont de beaux signes d’espérance.
Grâce à KTO, on peut suivre et réciter le chapelet avec Lourdes tous les jours, assister à la messe à Saint-Germain l’Auxerrois en semaine et le dimanche suivre le jour du Seigneur. A 19h, retrouver  ma paroisse avec les vêpres et un mot de notre curé ou de ses vicaires me font du bien. Notre communauté paroissiale est bien vivante grâce aux moyens modernes de communication qui nous permettent de garder des liens entre nous.
En conclusion, voici une prière que nous propose notre livret :

Seigneur donne-moi d’être ce que tu espères de moi
Seigneur donne-moi d’oser ce que tu attends de moi
Seigneur donne-moi de naître à ce que je suis grâce à toi
Que le Seigneur réponde à nos prières, c’est notre Espérance ! Christ est ressuscité Alléluia !

 

  • Le Secours Catholique

Les premiers jours du confinement, nous avons pris la décision d’arrêter les accompagnements scolaires et les visites aux personnes âgées, par sécurité et protection. Or, notre vocation est… la fraternité ! Il nous a semblé indispensable de garder le lien avec les familles par téléphone.
En accord avec le CCAS, nous avons proposé que nos bénévoles qui sont maintenant disponibles et chez eux prennent en charge un certain nombre de familles pour porter des repas, faire des courses. Nous arrivons à aider ainsi une cinquantaine de familles : courses, pharmacie…
L’après confinement est encore un peu flou pour nous. Nous ne nous projetons pas encore sur ce que nous pourrons être en mesure de faire ou de reprendre.

Didier

 

  • L’équipe d’accompagnement des familles en deuil

Une famille  nous est confiée, pour préparer les obsèques de leur maman. C’est toujours un moment important, et nous proposons, d’habitude,  à la famille de nous rencontrer au presbytère pour échanger sur la personne et comprendre ce qu’ils veulent faire  ressortir à travers les textes choisis……

Mais voilà, plus le droit de se déplacer, ni d’assister aux obsèques ! On a l’impression de vivre un moment totalement irréel !

Il faut rebondir rapidement, expliquer aux familles la nouvelle organisation : Nous échangeons alors longuement par téléphone avec la famille, expliquons comment  va se dérouler la célébration et pour quoi il ne peut plus y avoir d’eucharistie, et souvent le plus douloureux  pour les familles : combien de personnes peuvent y assister, et dans quelles conditions.

Nous proposons d’adresser  par mail les textes qu’ils choisiront tranquillement, expliquons comment composer la prière universelle, etc. Nous découvrons alors une nouvelle façon de faire,  un accompagnement  et de nombreux échanges riches avec ces familles  qui nous expriment alors leur tristesse du départ d’un être aimé et proche, dans ces conditions. Puis  ils nous disent leur reconnaissance de ne pas être laissés seuls dans ce moment compliqué…

Que de beaux échanges, très profonds, vécus alors !

Une jeune femme nous a confié être loin de l’Eglise, puis le lendemain des obsèques nous a exprimé : « Qu’il s’était passé quelque chose, pendant la préparation, et la célébration, et que maintenant, elle avait envie de cheminer avec le Seigneur… »

Nous les appelons la veille pour leur dire que l’on pense fort à eux. Ces moments deviennent intenses quand on leur dit que notre absence physique  à  la célébration va nous  permettre de nous  unir en priant au moment même, avec eux. Le lendemain, nous remettons un petit message.

Depuis ce confinement nous considérons que nous vivons avec les familles de belles choses, et que l’Esprit Saint nous accompagne pas à pas !

Oui, le Seigneur est vraiment là !!!

Jacques et Colette